L'actualité du mois

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Entreprises et biodiversité : une responsabilité éthique

La biodiversité est bien plus qu’une simple ressource exploitable : elle constitue le tissu vivant indispensable à la vie sur Terre. Elle regroupe une infinité d’espèces et d’écosystèmes interconnectés dont dépend directement notre existence. Pourtant, son déclin s’accélère à un rythme alarmant : selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), environ 1 million des 8 millions d’espèces estimées sont aujourd’hui menacées d’extinction si aucune mesure forte n’est adoptée.

Face à cette urgence, les entreprises ont un rôle décisif à jouer. Bien au-delà du respect réglementaire, elles portent une responsabilité morale envers les générations futures. Intégrer la biodiversité dans une démarche RSE, c’est reconnaître que la prospérité économique ne peut plus être dissociée du respect du vivant.

1. Reconnaître la valeur intrinsèque du vivant

Réduire la biodiversité à une valeur économique serait une erreur. Chaque espèce disparue entraîne la perte d’un maillon dans un équilibre vital, et affaiblit les services écologiques dont nous dépendons tous.

  • Depuis 1970, l’Indice Planète Vivante a chuté de 73 % (WWF, 2024).
  • En Europe, 81 % des habitats protégés sont dans un état de conservation médiocre ou mauvais (Agence européenne pour l’environnement, 2024).
  • La Banque Centrale Européenne rappelle que 72 % des entreprises européennes dépendent directement de services écosystémiques (qualité de l’eau, pollinisation, régulation du climat), ce qui fragilise leur activité face à la dégradation des écosystèmes.


Cette dégradation ne concerne pas seulement la faune ou la flore : elle impacte directement les entreprises.

  • Des sols appauvris menacent l’agriculture et l’agroalimentaire.
  • Une eau plus rare et plus polluée augmente les coûts pour les industries.
  • La disparition des pollinisateurs fragilise la production agricole.
  • La perte de zones naturelles accroît les risques d’inondations, de sécheresses ou d’incendies, avec des répercussions financières pour les assureurs, les collectivités et les entreprises.


Autrement dit, quand la nature s’abîme, les entreprises perdent en sécurité, en résilience et en compétitivité. Préserver la biodiversité, c’est aussi protéger ses approvisionnements, maîtriser ses coûts futurs et sécuriser son modèle économique.

2. Répondre à une attente sociétale croissante

La demande de durabilité ne vient plus seulement des institutions : elle émane désormais de la société tout entière, avec une pression croissante sur les entreprises.

  • Un Eurobaromètre de 2024 révèle que 78 % des Européens estiment que les enjeux environnementaux ont un impact direct sur leur vie quotidienne et leur santé.
  • Selon le Europe Sustainable Development Report 2025, la transition vers des systèmes alimentaires durables et une gestion responsable des terres est désormais considérée comme une priorité environnementale majeure par les citoyens et les acteurs économiques.


Ignorer cette demande, c’est risquer de se couper d’une majorité de consommateurs, de talents et de partenaires. À l’inverse, s’engager pour la biodiversité :

  • renforce la fiabilité de la marque,
  • favorise la fierté d’appartenance des équipes,
  • et consolide l’ancrage social de l’entreprise.

 

3. Redéfinir le rôle de l’entreprise dans son écosystème

Une entreprise ne peut plus se penser uniquement comme une unité économique. Elle influence les territoires, les communautés et les écosystèmes qui l’entourent.
Agir pour la biodiversité, c’est par exemple :

  • Préserver les sols : limiter l’artificialisation en optimisant l’espace bâti (parkings perméables, toits végétalisés), ou soutenir des pratiques agricoles durables.
  • Réduire son empreinte eau-air : recycler et réutiliser l’eau, réduire les émissions liées aux transports, investir dans des équipements sobres en énergie.
  • Soutenir des initiatives locales : participer à des programmes de plantation d’arbres, restaurer des zones humides, aménager des espaces verts favorables aux pollinisateurs.
  • Impliquer ses parties prenantes : associer les salariés à des projets environnementaux, intégrer des critères biodiversité dans les achats, travailler avec les collectivités locales.


Ces initiatives dépassent la simple conformité réglementaire : elles incarnent un engagement sincère et visible.

4. Comment agir concrètement ?

Pour intégrer la biodiversité dans leur stratégie RSE, les entreprises peuvent s’appuyer sur quatre leviers :

  1. Transparence : évaluer ses impacts (consommation d’eau, artificialisation des sols, émissions) et communiquer honnêtement sur ses progrès.
  2. Intégration dans la stratégie : inclure des critères biodiversité dans les achats et les investissements, suivre des indicateurs environnementaux au même titre que les indicateurs financiers.
  3. Mobilisation interne : sensibiliser les collaborateurs, encourager des actions simples comme la plantation d’arbres, la création de zones vertes ou la réduction de l’empreinte au bureau.
  4. Aller au-delà des obligations : soutenir des projets locaux de restauration écologique, développer des produits et services respectueux du vivant (écoconception, économie circulaire).


Comment l’Expert-Comptable peut aider les entreprises à intégrer la biodiversité dans leurs stratégies RSE ?

L’Expert-Comptable est particulièrement bien placé pour accompagner cette transition, car il maîtrise à la fois la dimension financière, la conformité réglementaire et l’évaluation extra-financière.

1- Mesurer et objectiver l’impact biodiversité

  • Identifier les dépendances et impacts directs et indirects de l’entreprise sur les écosystèmes.
  • Développer des indicateurs fiables (ex. artificialisation des sols, empreinte eau, restauration de milieux naturels).
  • Mettre en place une comptabilité environnementale intégrant la biodiversité au même titre que les actifs financiers.

 

2- Intégrer la biodiversité dans le pilotage RSE

  • Aligner les enjeux biodiversité avec les référentiels (CSRD, taxonomie européenne, normes ISSB).
  • Intégrer ces enjeux dans le reporting extra-financier, garantissant transparence et crédibilité auprès des investisseurs et parties prenantes.
  • Aider à structurer des plans d’action RSE concrets : restauration de sites, achats responsables, partenariats locaux.

 

3-  Optimiser financements et fiscalité verte

  • Identifier et sécuriser l’accès aux subventions, crédits d’impôt et financements verts liés à la protection de la biodiversité.
  • Évaluer la rentabilité long terme des investissements environnementaux.

 

4- Créer de la valeur durable

  • Transformer la biodiversité en levier stratégique : différenciation sur le marché, attractivité auprès des talents et crédibilité vis-à-vis des investisseurs ESG.
  • Faire de la biodiversité un axe de performance globale (financière + sociale + environnementale).

 

Conclusion

La biodiversité nous rappelle que l’économie n’est qu’un sous-système de la nature. Les entreprises qui choisissent l’action ne protègent pas seulement leurs propres intérêts : elles assument une responsabilité morale envers la planète et les générations à venir.

Citation 

«La biodiversité nous concerne au premier chef, car la biodiversité c'est nous, nous et tout ce qui vit sur terre.. » - Hubert Reeves - astrophysicien